« Une lettre ne joue pas seulement un rôle dans le mot, elle est aussi quelque chose qui a une fin en soi ». (Eric Gill)

Albert Boton graphiste et créateur de lettres a, durant une grande partie de sa vie professionnelle, créé des alphabets typographiques, plus d’une trentaine disponibles dans le monde entier. Cet amoureux du dessin et de la tension des courbes se lance maintenant dans le jeu inverse : à savoir la « désintégration » de ses lettres. Depuis des siècles, le travail des artistes-artisans (typographes, calligraphes, graveurs de poinçons, éditeurs…), a été de donner aux signes de plus en plus de lisibilité - mis à part l’enluminure et l’initiale ornementée, éléments de décoration souvent illisibles -, l’œil pressé du lecteur enregistre le mot ou le groupe de mots au détriment des détails du dessin de chacune des lettres du texte.

Le jeu du « kakeboton » consiste donc à inverser l’essence même de cette démarche en dissimulant tout ou partie de certains éléments graphiques de ces lettres, faire ressortir un détail, une courbe, un tracé…

Il n’y a plus lecture mais simplement vision où seule l’esthétique compte.

L’idée de présenter ces réalisations sur kakemonos s’est immédiatement imposée.

En effet le kakemono (en japonais : qui est suspendu) peut être le support d’un poème, d’une peinture ou d’une calligraphie sur soie ou sur papier.

Ainsi la lettre, qu’elle soit tronquée, illisible ou entière, devient elle-même un élément de décoration.

Ce jeu typographique, réalisé exclusivement avec les alphabets d’Albert Boton, se présente en « kakebotons » à suspendre ou en autocollants – également personnalisables – et se décline sur des paravents, des étoles, des coussins, des tee-shirts …